Bicycle bicyclette, Larousse 1906

Publié le par BH2C

Dans un vieux dico, j'ai trouvé cet article sur les bicycles et bicyclettes si drôle que je vous le livre in-extenso. Les sportifs et les amateurs de vélocipède apprécieront. C'est une perle ! 
Extrait du Nouveau Larousse illustré, Dictionnaire Universel Encyclopédique de 1906...

BICYCLE
(de bi, et du gr. kuklos, cercle) n. m. Vélocipède muni de deux roues, dont la première est mise en mouvement par l'action des pieds sur deux pédales.

ENCYCL.
Le bicycle est né de la draisienne. Il date de 1855, époque à laquelle Ernest Michaux, fils d'un serrurier, inventa la pédale. Le premier type, construit en bois, fut extrêmement lourd et grossier.
L'évolution du bicycle fut lente; néanmoins, au moment de L'Exposition de 1867, la maison Michaux prospérait. Vers 1869, le fer remplaçait le bois, et la jante était munie de caoutchouc.

En 1875, Truffault inventait la jante creuse. Vers la même époque, se répandait de plus en plus le grand bicycle, surnommé grand bi ou araignée en raison des longs et fins rayons d'acier de la roue
directrice. Cet appareil se perfectionna rapidement, devint gracieux, léger, et ne fut détrôné que par la bicyclette, beaucoup moins dangereuse à cause de ses dimensions moins élevées, et de sa plus grande stabilité.

Le diamètre de la grande roue du bicycle variait entre 1 mètre et 1m, 50. Celui de la roue arrière était infiniment plus petit; cette dernière pouvait passer par-dessus la première, avec le cycliste, au moindre heurt.

Néanmoins, c'était la première fois que l'on se trouvait en présence d'une machine réellement légère et rapide; aussi est-ce avec le grand bi que se développa le tourisme et que les courses firent l'objet d'une sérieuse organisation. On a construit, depuis l'apparition de la bicyclette, des bicycles multiplies, munis de pneumatiques; ces appareils n'ont pas trouvé un bien grand succès auprès du public.

 


BICYCLETTE (klèt' - même étymol. qu'à l'article précédent) n. f. Vélocipède muni de deux roues, dont la seconde est motrice et est mise en mouvement par un moyen de transmission qui la rattache aux pédales, et qui, le plus souvent, est une chaîne.

ENCYCL. La bicyclette a immédiatement succèdé au bicycle; elle est née de l'exagération de la hauteur de ce dernier. Il était indispensable, en effet,
d'obtenir une vitesse égale ou supérieure à celle du bicycle, avec plus de stabilité. La transmission du mouvement par une chaîne et la multiplication de vitesse obtenue par le diamètre inégal de deux pignons dentés réalisèrent ce besoin. La première bicyclette, construite en Angleterre, date de 1880; son aspect général est encore celui de l'ancien bicycle, mais elle se perfectionna bientôt, passa par le corps droit et le demi-cadre, avec direction à pivot l'un et l'autre. Le cadre complet, incliné en arrière, avec direction à billes, constitua un très grand progrès : c'est la bicyclette moderne, encore perfectionnée, plus récemment, par le grand cadre droit qui parait réaliser des conditions parfaites d'équilibre, de stabilité et aussi d'harmonie. Le pédalier, placé à la partie inférieure du cadre, entre les deux roues, est muni d'un pignon denté qui, à l'aide d'une chaîne Vaucanson, transmet le mouvement à un autre pignon plus petit faisant corps avec la roue d'arrière ou motrice.

Dans ces conditions, un grand pignon portant dix-neuf dents, commandant un petit pignon de huit dents et mettant en mouvement une roue de 0,70m, provoque un déplacement de 5m,18 à chaque tour de pédale. (V. MULTIPLICATION, DÉVELOPPEMENT)

Enfin, il y a des bicyclettes sans chaine, dites acatènes (du gr. a priv. et du lat. catena, chaîne), chez lesquelles la transmission du mouvement et la multiplication se produisent à l'aide d'une tige métallique, reliant le
pédalier à la roue motrice par un double engrenage à angles.

La bicyclette tandem, on duplette, comporte, comme son nom l'indique, deux places disposées en flèche, c'est-à-dire l'une derrière l'autre. Cette machine, destinée d'abord à l'entraînement, a fait depuis quelques années son entrée dans le tourisme. Il existe en outre des bicyclettes
comportant trois, quatre, cinq, six et sept places, auxquelles on a donné les noms de triplette, quadruplette, quintuplette, sextuplette et septuplette. Ces machines ne sont employées que pour l'entrainement. Il en est de même d'une machine à dix places, ou décuplette, récemment

construite en Amérique.

On a fabriqué, en ces dernières années, des bicyclettes à moteur; mais ces tentatives n'ont pas trouvé de succès auprès du public, et les efforts des fabricants se sont reportés depuis sur les tricycles. V. VÉLOCIPÉDIE, MOTO¬CYCLE, VOITURETTE, AUTOMOBILE.

Histoire et mœurs.
De 1880 à 1889, on ne vit que de rares bicyclettes rouler à Paris, au bois de Boulogne. A l'Exposition Universelle de cette dernière
année, à peine quelques stands étaient occupés par les "marchands de vélocipèdes" quant au public, il se montrait réservé.

Tout d'un coup, à partir de 1890, les choses changèrent de face : un chroniqueur du Petit Journal, Pierre Giffard, devinant ce qu'on pouvait attendre de la petite machine d'acier, qu'il présentait comme un "bienfait social" menait en sa faveur une campagne, et le public, peu à peu, se rendait à l'évidence des avantages qu'on lui démontrait.

La bicyclette fut d'abord un sport couramment pratiqué, puis une mode. Aujourd'hui, elle n'est plus seulement un instrument de luxe, elle est devenue un agent de locomotion adopté par l'ensemble de la population, en quelque sorte un outil précieux aux travailleurs.


L'introduction de cet élément nouveau dans la vie courante a eu des conséquences de bien des sortes : développement ou même éclosion subite,
chez beaucoup de sujets, même complètement sédentaires, du goût du tourisme; prospérité donnée ou rendue à une foule de localités précédemment délaissées; enfin, mise à la portée des femmes françaises d'un sport qui leur donne un peu de l'indépendance des Anglaises et des Américaines.


Hygiène.
L'usage de la bicyclette n'est pas nuisible il est, au contraire, bienfaisant pour toute personne bien portante. L'attitude penchée en avant,
qui a provoqué tant de protestations, est une attitude de repos. Il ne s'agit pas, bien entendu, de la position exagérément courbée des coureurs; cette position-là est exceptionnelle, de courte durée et n'intéresse pas les touristes. Nous voulons parler de l'attitude qui résulte de l'abaissement des poignées du guidon à om,05 au-dessous du niveau de la selle; cette attitude répond à un équilibre général, à une distribution logique du poids du cycliste sur les différentes parties de la machine, et lui permet d'accomplir un maximum de vitesse et de durée d'effort, avec un minimum de fatigue. L'attitude droite, au contraire, est beaucoup plus fatigante parce qu'elle ne permet pas au cycliste d'apporter, à l'effort des jambes, l'appoint du poids du corps car ce poids repose alors tout entier sur la selle. La bicyclette, pratiquée avec modération, est un excellent exercice qui augmente la capacité pulmonaire, et auquel le corps tout entier prend part.


Législation. Il existe actuellement deux règlements se rattachant à la circulation des vélocipèdes : l'un ministériel, intéresse la France entière, et
l'application en est confiée à chaque préfet ; l'autre est une ordonnance de police que tous les commissaires de Paris et de la banlieue (départ. de la Seine) sont chargés de faire respecter. Ces deux règlements ne s'écartent pas sensiblement l'un de l'autre ; le second, cependant, devant être appliqué dans Paris, est plus précis.
La réglementation ministérielle impose aux cyclistes les obligations suivantes : appareil sonore dont le son puisse
être entendu à une distance de 50 mètres, lanterne allumée dès la chute du jour, plaque indiquant le nom et l'adresse du propriétaire, adoption de la droite au croisement des voitures, et de la gauche pour les dépasser. Elle leur interdit de former des groupements dans les rues et de couper les cortèges et les troupes en marche. Elle leur accorde le droit d'exiger, de la part des conducteurs de voitures, un espace d'au moins Im,50 de largeur et l'avantage d'utiliser, en dehors des villes et agglomérations, les trottoirs et contre-allées qui longent les routes pavées.

L'ordonnance de police
ajoute que l'appareil sonore peut être tenu à la main, pourvu qu'il soit prêt à fonctionner au moment utile, que la lanterne peut être un simple lampion de papier, et que l'éclairage n'est pas obligatoire pour les machines conduites à la main sur les trottoirs. Elle prescrit, en outre, dans les lieux très passants, une allure modérée permettant au cycliste de s'arrêter dans l'espace de 4 à 5 mètres. En ville, l'allure ne doit jamais dépasser 16 kilomètres à l'heure. Enfin, les vélocipèdes qui ne rempliraient pas ces conditions seront envoyés à la fourrière lorsque le propriétaire ne sera pas en mesure de justifier de son identité.


Sport. La bicyclette, en proclamant le cyclisme accessible à tous, a favorisé le développement du tourisme et a fait énorme le nombre de ceux qui
s'intéressent aux courses, aussi les courses sur route, d'une part, et les vélodromes, de l'autre, se sont-ils multipliés. Deux sociétés ont puissamment contribué à l'expansion de la bicyclette: le "Touring-Club de France", en facilitant les excursions et l' "Union vélocipédique de France", en réglementant les courses. V. CYCLISME, VÉLODROME, CLUB.




Bicyclette militaire. On n'a pas tardé à voir le parti qu'on pouvait tirer, dans l'armée, de l'emploi de la bicyclette. D'abord, on n'a songé à s'en servir
que pour faciliter le service des courriers ou estafettes en temps de paix ou de guerre. Puis on a compris que la bicyclette pouvait être utilisée pour transporter rapidement des combattants et qu'elle pouvait fournir la meilleure solution du problème de l'infanterie montée (v. CYCLISTES MILITAIRES), ce qui a conduit à imaginer des machines ayant une disposition spéciale en raison des conditions particulières auxquelles elles doivent satisfaire.


La première est de pouvoir être portées facilement par le cycliste, soit dans les mauvais terrains où il ne peut plus les utiliser, soit ]orsqu'il doit combattre. D'où l'invention de bicyclettes dites pliantes, c'est-à-dire susceptibles de se plier en deux et de se porter à dos comme un havresac, et
sans plus gêner alors les mouvements du soldat que le havresac lui-même.



Il faut, en effet, que l'homme ainsi chargé puisse non seulement marcher,
courir, passer partout, mais faire feu dans toutes les positions : debout, à genou ou même couché.


De plus, le cycliste militaire monté sur sa machine doit pouvoir au besoin mettre les deux pieds à terre, rien qu'en allongeant les jambes et se trouver ainsi immédiatement debout, prêt à faire feu, tout en conservant sa bicyclette entre les jambes et demeurant prêt à repartir d'une minute à l'autre.

On veut également que l'arrêt brusque d'une tête de colonne, amené par la chute d'un cycliste ou par tout autre cause, n'entraîne pas la chute de ceux qui suivent l'homme tombé et le désordre général qui pourrait en résulter. D’où la nécessité d'une bicyclette que l'on puisse arrêter instantanément en posant les pieds à terre en arrière d'elle et en faisant cabrer la machine, c'est-à-dire en relevant vivement la roue d'avant et en plaçant la bicyclette debout sur sa roue d'arrière.
C'est pour satisfaire à ces désidérata et à quelques autres encore qu'a été donnée aux bicyclettes militaires la disposition caractéristique imaginée en France par le capitaine Gérard, et plus on moins copiée, dans les différents modèles établis à l'étranger.

Le cadre est remplacé par un simple tube dont l'extrémité antérieure porte la fourche et la tige du guidon, tandis que l'autre bout se soude au milieu d'un quart de cercle embrassant la roue arrière et qui, d'une part, porte la roue dentée et les pédales, de l'autre se rattache à deux tiges destinées à supporter la selle exactement au-dessus même du centre de la roue motrice.

Il résulte de cette disposition que le poids du cycliste repose directement sur l'essieu de cette roue motrice qui le supporte, tout entier. Le tube qui relie les deux roues et qui remplace le cadre n'a donc pas besoin de présenter la force de résistance de celui-ci, et la fourche est elle même très peu chargée.

Enfin, la selle étant placée en arrière et non au-dessus même de l'essieu des pédales, peut être maintenue assez peu élevée au-dessus du sol pour conserver au cycliste tout à la fois la faculté de pédaler et la possibilité de toucher le sol des deux pieds en étendant simplement les
jambes.

Le pliage s'effectue en rabattant l'une sur l'autre les deux roues et les deux moitiés du tube intermédiaire coupées en biseau vers son milieu et auquel un manchon, serré ou desserré au moyen de manettes, permet de donner la rigidité voulue quand la machine est dépliée.


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M
<br /> On croit tout savoir et en lisant Bernard, on se retrouve face à son ignorance ... merci encore une fois pour tous ces enseignements, la prochaine fois que j'enfourcherai mon vélo, je ne le<br /> regarderai plus de la même façon !<br /> <br /> <br />
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