Dernier souffle

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C'est un bâtiment exceptionnel.

Le voici en haut sur cette photo, c'est le bâtiment le plus long.




Il fut révélé lors de la démolition des anciens Docks et Entrepôts, autrefois gérés par la Chambre de Commerce et d'industrie de Cambrai.



Tous les bâtiments furent détruits, sauf celui-ci, pour faire place à, on ne sait toujours pas quoi...




C'est un hangar de stockage tout à fait unique pour plusieurs raisons. Ses dimensions d'abord, 25 m de large sur 185 m de long ! Son ancienneté, il fut construit au début du XXe siècle. Et sa structure, une charpente en rondins de bois, à poinçons suspendus.


Après recherches, je n'ai pas trouvé d'autre exemple de ce type de construction.

La conception de sa charpente triangulée, a certainement bénéficié des travaux du Colonel Emy qui travailla sur les grandes portées des manèges d'équitation et aussi des travaux de l'ingénieur Camille Polonceau qui fit évoluer la charpente et inventa d'ailleurs un type de ferme triangulée à double poinçons. Son assemblage particulièrement précis, à l'aide de connecteurs métalliques forgés à la main, ou goussets, est unique.

C'est je crois, pour toutes ces raisons qu'il fut décidé de le sauver.



 
Que s'est-il passé ensuite ?

Qu'a-t-on fait ? Et pourquoi ?


Toujours est-il, qu'entre une et deux heures du matin, dans la nuit du lundi au mardi 26 mai 2009, un coup de vent a jeté à terre l'ensemble de cette construction.

 

 





Pourquoi a-ton abattu les murs latéraux sachant qu'on ne lui avait pas encore trouvé de destination ?

Pourquoi l'a-t-on soulagé de sa couverture ?

 


On remarque sur cette photo que seuls les murs aux extrémités sont restés.
Isolé, sans protection au milieu d'un vaste terrain, privé de ses murs stabilisateurs latéraux et du poids de sa couverture l'oiseau s'envola.

 

"La toiture a réagi comme une immense aile d'avion, explique  un riverain. Il a suffi d'un gros coup de vent, une petite tornade et tout s'est effondré comme un château de cartes".
(Voix du Nord, édition de Cambrai, du 27 mai 2009)

 

En cette année Blériot, fêté à Cambrai, nul doute que cet incident n'était pas prévu au programme.  La distance parcourue par ce remarquable hangar étant modeste, le record  ne fut pas homologué.

 

Mais on peut se poser des questions.


Qui du vent ou des hommes a eu raison de ce patrimoine industriel ?

 

Y a-t-il un pilote dans l'avion du patrimoine cambrésien ?


Ce hangar rejoint la tour d'Abancourt, la porte de Corsignies et le kiosque rustique du jardin public, au paradis du patrimoine perdu.


Perdu par négligence, par incompétence, par insouciance ?

 

 


Située en bas de l'avenue de Bouchain, autrefois allée de Corsignies, du nom d'un ancien Directeur des fortifications, la porte de Corsignies a été démontée pierre par pierre avec l'intention de la remonter. Mais le coût des travaux dépassa les prévisions (si prévisions il y avait...). Elle est aujourd'hui remplacée par un chaudron métallique délicieusement fleuri.









La tour d'Abancourt fut déclassée et démolie, non sans mal, à la demande d'un cafetier pour faire place aux cirques de passage. (Place Eugène Thomas à Cambrai) Adjudication du 7 janvier 1955 pour les travaux de démolition aux Ets Lemaire et Langelin pour la somme de 275.000 Frs.






Le kiosque rustique du jardin public, construit en 1900, fut incendié plusieurs fois par vandalisme.
Il était caractéristique de ces jardins romantiques dessinés par Barillet-Deschamp à la fin du XIXe siècle. La ville aurait touché l'assurance mais à sa place on peut voir aujourd'hui une magnifique dalle de béton, plate et nue.
 

Publié dans Cambrai

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G
Tout ce patrimoine qu'on laisse mourir, c'est vraiment dommage !<br /> A quoi çà sert que Dany se décarcasse pour valoriser notre région, si même nos élus laissent tout pourrir ?
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